Qu’est-ce que la sécurité affective ?
La sécurité affective est un lien qui se construit avec le temps, dans l’attention et la régularité. C’est à travers la sécurité affective qu’un enfant trouvera la force de s’élever, de grandir, de s’éloigner sur les bases d’une confiance en soi solide.
La sécurité affective apparaît comme une nécessité vitale permettant à l’enfant de s’épanouir, de s’ouvrir au monde, d’explorer son environnement afin de commencer tout processus cognitif (découvertes, apprentissages, jeux…). Elle passe par une présence physique et une disponibilité psychique de la personne maternante (père ou mère) mais aussi d’ une personne référente qui accompagnera l’enfant lors de l’absence de ses parents. Pour se sentir en sécurité affective, l’enfant doit pouvoir se rassurer par la simple présence de l’adulte mais aussi se sentir exister à ses yeux. La confiance, la tranquillité, le bien-être, l’épanouissement social, cognitif, psychomoteur sont les conséquences d’une bonne sécurité affective.
Une séparation brutale, le sentiment d’abandon, une indisponibilité physique, psychique, affective de l’adulte peuvent être source d’insécurité affective.
Au vu de certains auteurs, notamment Françoise Dolto[1] : « le sentiment de sécurité de l’enfant s’acquiert si on le laisse libre, au jour le jour, de courir des risques à sa mesure, sans l’empêcher d’en courir, en veillant à ce que les risques qu’il court ne soient pas traumatisants mais le mettent devant un effort dont il sent avoir triomphé quand il est y arrivé, ce dont il faut le complimenter ». La sécurité globale de l’enfant est assurée par la présence et l’amour de ses parents. Mais il est important de lui laisser prendre des risques mesurés. Une attitude bienveillante et encourageante de l’adulte qui accompagne l’enfant va le stimuler.
Par contre, l’hyper protection inquiète et peut mettre l’enfant en état d’insécurité, dans la mesure où la crainte y figure. « La sécurité réside donc essentiellement dans la présence possible, stable, affectueuse et heureuse des parents. L’absence inhabituelle, les variations de comportements, la réaction négative inexplicable ou l’inquiétude de l’un des deux parents suffisent à éveiller chez l’enfant insécurité voire culpabilité ou crainte de quelque chose d’inconnu interposé entre l’enfant et ses parents »[2]
Pour Decroly[3], la sécurité affective est : « une condition fondamentale pour que l’éducation soit bien reçue et fructueuse. Elle naît à la fois de la relation avec l’éducateur, du style pédagogique qui suit les possibiltés des enfants et ne les contraints pas à des efforts qui excéderaient les possibilités des enfants et ne les contraints pas à des efforts qui excèderaient les possibilités de leur stade de développement. Elle est aussi assurée par le jeu, qui est une activité essentielle acceptée et développée par l’éducateur et qui contribue au développement. La sécurité affective naît enfin de la confiance qui est faite aux enfants, à qui des responsabilités sont confiées au sein d’un groupe. »
Un cadre, des limites, des interdits, des attitudes éducatives stables favorisent la prise de repères structurants et rassurants pour l’enfant. Les modifications brusques et incohérentes de comportements et d’attitudes éducatives, le changement brutal d’habitudes, le laxisme, l’inquiétude, la tristesse…des parents ou des professionnels sont insécurisantes car l’enfant sent, en l’adulte, une faiblesse, qui l’angoisse.
L’enfant a la capacité de « s’auto-s’écuriser » contre l’insécurité résultant par exemple de la solitude de la nuit, lors de la séparation…A ce propos, Winnicott, parle « d’objet transitionnel », qui marque les prémices de la relation objectale passant par un objet choisi comme substitut maternelle en l’absence de la personne maternante et qui permet à l’enfant de se sécuriser tout seul.
Il est préférable pour l’enfant que l’adulte ait un accompagnement ajusté, il doit privilégier la vigilance plutôt que l’ hyper protection de l’enfant. En tant qu’adulte, nous avons tendance à être dans une projection des dangers et il nous est parfois difficile de dissimuler nos craintes et de ne pas « accourir » au moindre risque couru par notre enfant. Le fait de sécuriser l’environnement va permettre à l’adulte de limiter les craintes d’un quelconque danger et de ce fait limiter les interdits qui vont paralyser les initiatives de l’enfant. La sécurité physique est l’un des piliers de la sécurité affective ! L’adulte peut apprendre à relativiser le danger mais aussi à faire en sorte qu’il n’impose pas son aide à l’enfant mais qu’il la propose. C’est à l’enfant de solliciter l’aide de l’adulte, afin qu’il se retrouve acteur à part entière et ainsi lui permettre de se sentir exister par lui-même et non en réponse aux exigences de l’adulte. Il est important de savoir que l’enfant est tiraillé entre le désir de partir à la découverte du monde et de faire plaisir à l’adulte. Fort de cette connaissance, l’adulte relativisera certaines de ses attitudes.
Il est important de ne pas surestimer les capacités de l’enfant mais de le laisser aller à son rythme, de franchir progressivement les étapes en fonction de son propre développement. Trop demander à l’enfant, risque de le mettre en échec et ainsi entraîner une mésestime de lui. Avoir confiance en l’enfant va lui permettre de se sentir valorisé, de prendre confiance en lui-même et ainsi développer un niveau élevé d’estime de soi.
Equipe CRECHE AND DO
Article rédigé d’après un article publié
dans "le développement de l’enfant"
[1] Pédiatre et psychanalyste française qui s'est consacrée à la psychanalyse des enfants.
[2] « Les étapes majeures de l’enfance », F. Dolto, C. Dolto Tolich, Gallimard, 1998
[3] pédagogue, médecin, et psychologue belge