Une étude publiée en août 2025 dans la revue médicale BMJ Open révèle un constat inquiétant : la violence verbale subie pendant l’enfance peut être aussi dommageable pour la santé mentale à l’âge adulte que la maltraitance physique. Les mots peuvent laisser des traces profondes et durables.
Les chercheurs se sont basés sur les témoignages de plus de 20 600 adultes vivant en Angleterre et au Pays de Galles.Tous ont été interrogés à l’âge adulte sur leurs expériences vécues avant leurs 18 ans. Les formes de maltraitance étudiées incluaient : la violence verbale (insultes, humiliations, moqueries, menaces, critiques répétées), la violence physique (coups, gifles, secousses ou tout autre geste visant à infliger une douleur). Chez le tout-petit on parle souvent de maltraitance émotionnelle qui regroupe l’ensemble des violences psychologiques et verbales qui viennent induire une émotion de peur ou de honte chez l’enfant, mais aussi l’ensemble des comportements de l’adulte qui ne répondent pas aux besoins fondamentaux de l’enfant.
Des effets durables sur la santé mentale
Pour évaluer l’impact de ces violences, les chercheurs ont utilisé l’échelle de bien-être mental Warwick–Edinburgh. Les résultats montrent des écarts marqués selon l’exposition aux violences et les types de violence. Parmi les personnes n’ayant subi aucune forme de violence, 16 % présentent un faible bien‑être mental à l’âge adulte. Chez celles ayant subi uniquement de la violence physique, ce chiffre monte à 22,5 %. Pour celles ayant subi uniquement de la violence verbale, il grimpe à 24 %. Enfin, les personnes exposées à la fois à la violence verbale et physique sont 29 % à présenter une mauvaise santé mentale. Autrement dit, la violence verbale seule augmente de 64 % le risque de souffrir d’un bien‑être mental faible à l’âge adulte, contre 52 % pour la maltraitance physique.
Pourquoi la violence verbale est‑elle si nocive ?
La violence verbale agit souvent de façon silencieuse et répétée. Elle peut avoir des effets néfastes sur le développement de l’enfant, compromettre sa confiance et son estime de soi et avoir des conséquences sur la personne qu’il deviendra, comme le met en évidence l’étude. Contrairement aux blessures physiques, les atteintes psychologiques causées par les mots sont moins visibles et donc souvent sous‑estimées.
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Un appel à agir et à prévenir
Les résultats confirment que la violence verbale/psychologique doit être reconnue comme une forme de maltraitance sérieuse, au même titre que la violence physique. Les auteurs soulignent la nécessité d’une prise en compte dans les politiques publiques et d’actions préventives (détection, intervention précoce). Ils insistent sur la nécessité de former les parents, les éducateurs et les professionnels de santé à repérer les signes de violences émotionnelles. La responsabilité des acteurs de la petite enfance est donc essentielle.
Source : BMJ Open
Candice Satara
PUBLIÉ LE 06 août 2025