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Toucher, être touché ou la magie de nos mains

« Toi, quand tu « touches » un enfant, ce n’est pas comme les autres ». Cette phrase qui m’a été dite par une stagiaire m’a longtemps interpellée !  Qu’avait-elle perçu ?
Il est vrai que le toucher a une place particulière dans nos modalités de communication. Premier sens à se développer in utero, il est indispensable à la vie. Ses récepteurs nombreux et répartis sur l’ensemble de notre corps, rendent notre peau particulièrement sensible.

Le toucher est rencontre et partage, d’autant plus qu’il est à double sens « je suis touché en même temps que je touche ». Et il est un tel vecteur d’émotions, que la langue française l’utilise de façon plus large : « être touché est employé pour dire être ému, même à distance et sans contact physique ».

Nos sensations liées aux modes de toucher peuvent varier des plus agréables aux plus désagréables. Chacun a pu faire l’expérience de poignées de mains chaleureuses, froides, fuyantes, dures…ou encore s’est senti plus ou moins agressé par des touchers non respectueux, « objectivants, voire déshumanisants » lors d’examens médicaux ou gestes de soins.

Nos mains transmettent donc beaucoup. Elles peuvent être comme une prise de pouvoir, ou au contraire être accueillantes, soutenants, rassurantes.  Elles transmettent notre état d’esprit et nos émotions souvent sans que nous n’en ayons conscience.
Les enfants y sont particulièrement sensibles. Alors à nous de prendre conscience de nos modes de toucher. Certes, ceux-ci sont imprégnés de nos mémoires corporelles, de la façon dont nous avons nous-mêmes été touchés dans notre enfance, de ce que nous avons parfois appris en formation (par exemple « tenir un bébé par le bras, pour ne pas qu’il glisse lors des soins »)
Ils sont des habitudes et automatismes parfois imprégnés d’inquiétude et de stress : « attraper un enfant par le poignet par peur qu’il s’en aille (dans la rue par exemple) ou pour le tirer et le déplacer rapidement ».  Ils sont encore trop souvent des mains qui « attrapent un bébé par les aisselles, en tenant fermement sous l’épaule, voire même le dessus des épaules et des bras ».

Il est vrai qu’il peut être difficile de repérer ses propres façons de faire, et encore plus de les modifier. Mais les jeunes enfants en ont un grand besoin.
Ils ont besoin de sentir des mains qui les soutiennent (un soutien sous le bassin lors des gestes de portage), des mains à la fois protectrices et contenantes, des mains qui rassurent et apaisent, tout au long de la journée, lors des soins d’hygiène, repas, endormissement, câlins, temps de jeux…
Ils ont besoin de sentir des mains qui leur transmettent notre attention à son bien-être et nos intentions : « Je suis là pour toi, je fais attention à toi comme une personne ; je souhaite que tu te sentes bien. Je n’ai pas de droit sur toi, je n’ai pas à avoir de pouvoir sur toi ; je ne te demande rien ; je suis à ton écoute ».
L’enfant a besoin d’un toucher qui le respecte dans son corps, son existence, son intimité. Un toucher qui permette à l’enfant de sentir les limites de son corps, de se construire une « enveloppe harmonieuse, une peau à la fois psychique et corporelle », un toucher « confirmant », comme le nomme l’approche haptonomique.

Le toucher est rencontre et partage. Les bébés y sont aussi actifs. Comment recevons-nous leurs mains lorsqu’ils nous touchent le visage, nos mains, nos bras, avec souvent beaucoup de délicatesse.  Comment nous laissons-nous être touchés, dans les limites et la conscience de nos places et responsabilités professionnelles ?

Enfin, les mains sont aussi outils de découverte de l’environnement et outils d’action. Elles développent progressivement tant d’agilités : attraper, tenir, lâcher, sentir les matières, les volumes, les poids, y ajuster ses gestes, reconnaître les formes d’un objet vu, dire bonjour, au revoir, bravo, secouer, mettre dedans, transformer, … et tant d’autres, au nombre infini, tout au long de nos vies :   dessiner, écrire, tourner les pages d’un livre, cuisiner, bricoler, jardiner, sculpter…

Alors nous pouvons nous émerveiller de la magie de nos mains, capables de tant d’actions et de gestes, et capables si précocement de tendresse respectueuse de l’autre.

Article rédigé par : Monique Busquet Psychomotricienne, formatrice Petite Enfance

PUBLIÉ LE 10 AVRIL 2024

MIS À JOUR LE 12 AVRIL 2024