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La plagiocéphalie

 

La plagiocéphalie communément appelée « tête plate » est une déformation du crâne d’origine positionnelle dans la majorité des cas ou exceptionnellement liée à la fermeture prématurée des sutures du crâne.

Nous n’aborderons dans cet article que la plagiocéphalie positionnelle dont la fréquence a augmenté depuis 1992 suite à une campagne sur le couchage sur le dos des bébés en prévention de la mort subite du nourrisson (MSN).

Elle touche préférentiellement les garçons et concerne selon les études : 46,6% des bébés de 7-12 semaines et 20% des bébés à 4 mois puis diminue pour tomber à 3,3% à l’âge de 2 ans.

Voici un exemple de déformation du crâne vu au-dessus de la tête du bébé

 

Les déformations du crâne sont à plus de 99% occipitale avec un méplat[i] sur l’arrière du crâne et un front bombé ainsi qu’une avancée de l’oreille du côté du méplat, mais il existe d’autres déformations du crâne : fronto-faciale…

Les facteurs de risque :

Les plagiocéphalies positionnelles ont pour origine des contraintes mécaniques (pressions ou tractions) appliquées sur le crâne pendant la période in utéro (c’est-à-dire pendant la grossesse), pendant l’accouchement et/ou après la naissance.

      Pendant la grossesse

On retrouvera tout ce qui peut augmenter les pressions exercées sur le crâne du fœtus : grossesse multiple (56% des jumeaux contre 11 à 13% des enfants uniques), mauvaise position (ex: siège), malformations utérines, alitement de la maman, engagement précoce…

      Pendant l’accouchement

On retrouvera entre autres tout ce qui peut augmenter les contraintes mécaniques : mauvaise présentation, extraction instrumentale, primipare (1er enfant), accouchement prolongé, hydrocéphalie… On retrouvera aussi : petit poids de naissance et prématurité…

       Après l’accouchement

On aura d’une part tout ce qui provoque des diminutions de mobilité du cou ou provoque une préférence de position faisant que le bébé garde la même position et fait appuyer la tête toujours du même côté : torticolis…(qui provoquent une préférence de côté lors du couchage sur le dos), hypotonie[ii] (sans doute par “l’affaiblissement des muscles du cou qui diminue la capacité de l’enfant à repositionner sa tête”)…

On aura d’autre part le manque de stimulation des mouvements de la tête du bébé et des positions toujours identiques par les parents : peu de temps d’éveil sur le ventre, biberon donné toujours du même côté, peu de variations de la position de la tête pendant les phases d’éveil et faible niveau d’activité…

On aura aussi les surfaces dures sur lesquelles appuie le crâne du bébé : matelas dur, beaucoup de temps passé dans le cosy, couchage sur le dos…

Le cas du torticolis

Le torticolis peut à la fois être une cause mais aussi une conséquence des déformations du crâne :

Si l’enfant nait avec le torticolis congénital alors il y aura une préférence de côté et donc aplatissement de l’occiput. S’il y a une préférence pour la position de la tête sans torticolis : la persistance de la même position de la tête peut causer un raccourcissement chronique du SCM (muscle sternocléidomastoïdien)[iii] et donc créer un torticolis.

Un torticolis congénital est retrouvé dans près des 1/3 des plagiocéphalies positionnelles et doit être traité le plus tôt possible.

Votre enfant peut présenter une position préférée de tête, mais il doit pouvoir la tourner et l’incliner à droite et à gauche et ce, de manière symétrique. Si ce n’est pas le cas, votre pédiatre pourrait alors diagnostiquer un torticolis congénital et orienter votre enfant chez le kinésithérapeute pour un traitement spécifique.

Évolution et conséquences dans le temps

Près de 80% des plagiocéphalies positionnelles sont bénignes et comme nous l’avons vu ci-dessus, la fréquence augmente après la naissance pour être maximum à 4 mois. Plus de 3/4 des bébés présentant une plagiocéphalie positionnelle entre 18-48 mois la garderont par la suite si rien n’est fait!

Chez les adolescents entre 12 et 17 ans, on retrouve ainsi 2% de déformation du crâne dont plus de 38% avec des anomalies de la face. Selon une étude [1]:

Pour beaucoup de ces enfants non traités, la correction spontanée attendue ne se produira pas. Pour cette raison, la détection précoce et le traitement de la plagiocéphalie sont indispensables à l’obtention du résultat clinique optimale.

Conséquence esthétique

La première conséquence visible de la plagiocéphalie positionnelle est avant tout esthétique, surtout pour les plagiocéphalies positionnelles encore présentes après 18 mois car elles n’évolueront plus.

Des asymétries du crâne et du visage peuvent perdurer ultérieurement et ces asymétries auront des conséquences sur le plan neurologique, mais aussi sur la mandibule et les articulations temporo-mandibulaires.

Conséquences neurologiques

Il est communément admis que le pronostic est très bon sur le plan neurologique et qu’il n’y a pas de retard mental associé à la plagiocéphalie. D’autre part, il n’a pas été montré de différence de volume de cerveau entre les enfants présentant une plagiocéphalie et les autres, bien que le cerveau présente une déformation semblable aux déformations des os du crâne.

Cependant certaines études mettent en évidence un lien entre plagiocéphalie positionnelle et une diminution dans l’acquisition des compétences spécifiques motrices ; un traitement altéré du son par le cerveau ; une augmentation du risque de problème de développement avec augmentation à l’âge scolaire de prises en charge spécifiques : orthophonie, aide spéciale à l’éducation, physiothérapie, ergothérapie…

Or, nous avons vu dans les facteurs de risque que la prématurité, l’hypotonie et une moindre mobilité pouvaient provoquer ou aggraver une plagiocéphalie positionnelle. On pourra donc se demander si les retards et problèmes de développement retrouvés par ces études sont la cause ou la conséquence de la plagiocéphalie…

Conséquence sur la mâchoire et les articulations temporo-mandibulaires :

Il est retrouvé une rotation de la mâchoire du côté atteint qui serait secondaire à la déformation du crâne avec un déplacement vers l’avant de l’articulation temporo-mandibulaire (ATM).

Chez les enfants ayant une plagiocéphalie résiduelle après 18 mois, il existe donc un risque de désaxation des ATM pouvant provoquer des désordres méniscaux à l’adolescence.

Une consultation maxillo-faciale annuelle dans la petite enfance est recommandée s’il existe une plagiocéphalie positionnelle résiduelle après 18 mois, pour la mise en place d’un traitement orthopédique.

Autres conséquences

Une étude conclut sur un lien probable entre plagiocéphalie et scoliose[2]: on retrouve dans la genèse de la scoliose certains facteurs de risque communs à la plagiocéphalie.

Traitements

Les professionnels de santé s’accordent pour dire que le traitement des plagiocéphalies positionnelles doit être mis en route le plus tôt possible et que le meilleur traitement reste la prévention. L’asymétrie postérieure du crâne pourrait être corrigée entre 6-12 semaines par un traitement adapté et les asymétries de la face pourraient se corriger sur une période plus longue : jusqu’à 18 mois.

Après un traitement approprié, les taux de réussite pour les formes modérées peuvent être de 92%.

Quelle prévention pouvons-nous proposer ?

Le premier traitement de la plagiocéphalie positionnelle est avant tout préventif et ce, dès la naissance (en supprimant les facteurs de risque lorsque cela est possible).

  • Stimuler la rotation de la tête et la motricité du nourrisson le plus tôt possible et alterner la position de l’enfant avec la tête tournée à droite et à gauche quand il est couché sur le dos. Placer le lit de l’enfant ou les mobiles de telle sorte que l’enfant soit obligé de tourner la tête du côté qui lui est le plus difficile s’il présente une position préférentielle ou une perte de mobilité, donner le biberon des deux côtés…,
  • Pendant les phases d’éveil : mettre le bébé en position sur le ventre et ce, au moins 3 fois par jour, TOUJOURS SOUS SURVEILLANCE et privilégier la position sur le côté (en alternant à droite et à gauche) le premier mois puis sur le ventre après 6 mois lorsque l’enfant a les capacités de se retourner tout seul,
  • Pendant les phases de sommeil : éviter les surfaces dures et n’utiliser le cosy que pour les déplacements. On peut conseiller un coussin de latéralisation (avant les 4 mois du bébé ou avant qu’il puisse se retourner tout seul) pour éviter l’appui sur la zone aplatie : en veillant à alterner la position Droite/Gauche si le méplat est postérieur (brachycéphalie) ou en plaçant le bébé du côté opposé au méplat si le crâne est asymétrique (plagiocéphalie).

La plagiocéphalie est améliorée chez 77% des nourrissons après 2 mois de mesure de stimulation et de positionnement.

Ostéopathie

L’ostéopathie ne remodèle pas l’os du crâne comme de la pâte à modeler, mais c’est la croissance des os du crâne et la poussée de la croissance du cerveau sur les os du crâne qui permettent ce “remodelage”. Une prise en charge ostéopathique permet de traiter les pertes de mobilité du corps (et pas seulement des os du crâne) et notamment dans ce que l’on appelle le syndrome du bébé moulé, ces pertes de mobilité pouvant être à l’origine de la plagiocéphalie :

Le traitement ostéopathique s’occupe de la globalité du corps du nourrisson et de l’asymétrie posturale dans son ensemble. Le traitement ostéopathique dans les premiers mois de vie améliore de façon significative les asymétries.

Par ailleurs, le traitement ostéopathie complète le traitement de la pagiocéphalie positionelle lorsqu’une orthèse crânienne (cf ci-dessous) est mise en place : l’ostéopathe travaillera, entre autres, à améliorer la qualité des tissus et la mobilité de la base du crâne.

Casque = orthèse crânienne

Dans les cas les plus graves ou non améliorés par les traitements précédemment décrits, la thérapie par casque (= orthèse crânienne) peut être envisagée dès 4,5 – 5 mois. Notez que maintenant, seuls les casques dits “dynamiques” sont proposés : le remodelage du crâne se fait grâce à la poussée de la croissance du cerveau sur les os de la voûte du crâne, le casque prenant appui sur les zones convexes (et laissant libre les zones aplaties).

Ce traitement peut encore bénéficier aux enfants âgés de 12 mois même si les résultats sont plus modestes. Il faut savoir que l’âge limite de sa mise en place est de 18 mois.

Comme dans les autres traitements, plus la mise en place du casque se fait précocement et meilleur sera le résultat :

Le traitement est particulièrement efficace quand il est débuté à 4 mois […] pour les formes légères quand il est commencé avant 6 mois. […] Des effets plus modestes sont observés lorsqu’il est utilisé après 8 mois.

Pour aller plus loin :



[1] Roby BB, Finkelstein M, Tibesar RJ, Sidman JD. Prevalence of positional plagiocephaly in teens born after the “Back to Sleep” campaign. American Academy of Otolaryngology-Head and Neck Surgery (2012) Vol 146, N°5 – p 823-828

[2] Saccucci M, Tettamanti L, Mummolo S, Polimeni A, Festa F, Tecco S. Scoliosis and dental occlusion: a review of the literature. Scoliosis (2011) Vol 6, N°15 ↩



[i] En anatomie, un méplat caractérise une surface ou une structure qui a plus de largeur que d’épaisseur, ou une partie relativement plane d’un corps, comme les méplats du visage par exemple. Définition medelli.fr.

[ii] L’hypotonie musculaire est une diminution pathologique ou non du tonus musculaire ; définition wikipédia.

[iii] Le muscle sternocléidomastoïdien est un muscle pair du cou, tendu verticalement, entre la clavicule et le sternum en bas et la mastoïde de l’os temporal et l’os occipital en haut. Le muscle sterno-cléido-mastoïdien est un muscle prévertébral ; Définition Wikipédia ; 27 décembre 2018.