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Éviter les étiquettes : accompagner plutôt que juger le comportement des enfants

« Comme tu es lent! » « Tu es tannant! » « Tu es maladroit! »
Ces petites phrases, souvent dites sous le coup de l’énervement ou de l’habitude, collent des étiquettes aux enfants. Pourtant, cette manière de nommer les comportements peut nuire à leur développement.

Donner une étiquette, c’est quoi ?

Étiqueter un enfant, c’est insister de manière répétée sur un comportement jugé dérangeant. Cela peut traduire une frustration ou un sentiment d’impuissance face à une situation.

Par exemple, dire qu’un enfant est « lent » parce qu’il tarde à se préparer le matin, ou qu’il est « capricieux » parce qu’il fait souvent des crises. Ce type de jugement revient à résumer l’enfant à un seul aspect de son comportement.

Certaines personnes reproduisent aussi ce qu’elles ont vécu dans leur propre enfance. Une personne à qui l’on disait qu’elle était « toujours de mauvaise humeur » peut avoir tendance à utiliser les mêmes mots envers un enfant qu’elle accompagne ou côtoie.

Pourquoi éviter les étiquettes ?

Les mots ont du pouvoir. Ce que les adultes disent des enfants influence l’image qu’ils ont d’eux-mêmes. À force d’entendre qu’il est «agité » « méchant » ou « maladroit », un enfant peut finir par le croire, puis agir en conséquence. C’est ce qu’on appelle la prophétie autoréalisatrice.

Les étiquettes ont également un impact sur l’estime de soi. Elles peuvent faire naître un sentiment d’incapacité ou de découragement. L’enfant risque de ne plus essayer de s’améliorer, pensant que c’est inutile.

De plus, cela peut nuire à la relation de confiance avec l’adulte. L’enfant ne se sent plus soutenu, compris ou accepté tel qu’il est.

Et les étiquettes positives ?

Dire à un enfant qu’il est « gentil », « patient » ou « généreux » est valorisant, mais il est encore plus efficace de décrire précisément le comportement observé. Par exemple :

  • « Tu as partagé ton jouet avec ta sœur, c’est très généreux de ta part. »
  • « Tu es resté calme dans la file d’attente, bravo pour ta patience. »

Ce type de retour aide l’enfant à comprendre ce qu’il a bien fait et l’encourage à le reproduire.

Comment réagir face à un comportement dérangeant ?

Plutôt que de juger, il est plus aidant de chercher à comprendre ce qui se cache derrière un comportement difficile :

  • Peut-être que l’enfant vit une émotion qu’il ne sait pas exprimer.
  • Peut-être qu’il manque d’outils ou de compétences pour agir autrement.
  • Peut-être qu’il cherche simplement à créer un lien ou attirer l’attention.

 

Trois attitudes à adopter :

  1. Observer et comprendre le besoin derrière le comportement.
    Par exemple, un enfant en colère parce qu’il n’arrive pas à se faire entendre, ou maladroit parce qu’il est surexcité avant une sortie.
  2. Mettre des mots sur ses émotions.
    Dire, par exemple : « J’ai l’impression que c’est difficile pour toi de t’habiller ce matin. Tu aimerais peut-être rester tranquille à la maison ? »
  3. Offrir des outils pour mieux réagir.
    Apprendre à respirer pour se calmer, organiser une routine visuelle pour mieux gérer le temps le matin, etc.

Le changement ne se fera pas du jour au lendemain. Il faut répéter, accompagner et encourager avec patience. L’enfant est en plein développement et a besoin d’un cadre bienveillant pour apprendre à se réguler.

 

Aider un enfant à se défaire d’une étiquette

Un enfant étiqueté perd souvent confiance en lui. Pour l’aider à rebâtir une image positive de lui-même, il est essentiel de :

  • Valoriser ses forces et ses efforts.
  • Lui témoigner de l’affection et du respect inconditionnel.
  • Lui confier des responsabilités à sa portée, pour renforcer son sentiment de compétence.
  • Adopter un regard positif et encourageant, même dans les moments difficiles.

Gérer sa propre frustration

Il est normal, en tant qu’adulte, de ressentir parfois de l’exaspération. L’important est de reconnaître ses émotions et de chercher à comprendre pourquoi certains comportements nous touchent plus que d’autres.

Des pistes pour gérer ces émotions :

  • Identifier ses attentes : sont-elles réalistes pour l’âge et le développement de l’enfant ?
  • Exprimer clairement ses besoins sans accuser : « Je suis fatigué·e et j’ai besoin de calme. Trouvons ensemble une solution. »
  • Accepter l’imperfection : reconnaître ses erreurs, s’excuser si nécessaire, et repartir sur de bonnes bases

 

      À retenir

  • Les étiquettes, même dites sans mauvaise intention, influencent le développement des enfants.
  • Mieux vaut observer, comprendre et accompagner plutôt que juger.
  • L’adulte, qu’il soit parent ou professionnel, joue un rôle essentiel dans la construction de l’estime de soi de l’enfant.

 

Adapté par Crèche And Do à partir d’un article de Naître et grandir
Révision scientifique originale : Céline Blanc, psychoéducatrice
Mise à jour : Juin 2024