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De la production imposée à la manipulation libre

 

Dans de nombreuses crèches sont proposées des activités d’éveil ayant une finalité imaginée par les adultes ; Ces productions de préférence esthétiques sont élaborées par des enfants très largement influencé par les professionnels. Or nous savons aujourd’hui que ce type d’activité n’est pas adaptée aux tout-petits de moins de 3 ans ; Plutôt que d’être influencés, ils ont besoin d’être auteurs de leurs jeux et de manipuler librement pour mieux comprendre le monde qui les entoure ;

Et si l’on observait les enfants d’un peu plus près pendant qu’ils participent à ces activités ; celles-ci ont bien sûr des objectifs en amont, comme manipuler de la peinture, développer sa créativité, découvrir que les gommettes collent, etc.

Mais qu’en est –il du petit bébé auquel on a pris la main pour la tremper dans la peinture afin d faire une jolie empreinte ? Et quid de cet enfant qui voulait superposer les gommettes, voire en mettre sur la table ou sur ses mains, mais à qui on a montré le « bon » endroit pour les coller ? A – t-il vraiment eu l’opportunité de découvrir les propriétés des gommettes. Cette façon d’envisager les activités répond à la vision de l’adulte, à celle de la société ; Il faut rentabiliser le temps, agir, fabriquer en l’occurrence quelque chose que l’on va donner aux parents ; Mais est-ce dont les enfants ont réellement besoin ? Qu’en est-il de leur liberté de manipuler, de leur créativité, du plaisir pris dans chaque activité ? ne sommes-nous pas professionnelles de la petite enfance pour répondre aux besoins des enfants et pour valoriser plutôt que pour faire plaisir aux parents ? Autant de questions qu’il est important de se poser pour repenser les activités de manière qu’elles soient adaptées aux besoins des petits de moins de3 ans 

Valoriser les besoins des enfants.

Les activités dirigées imaginées par les adultes avec des objectifs d’adultes n’ont pas de réel intérêt pour les jeunes enfants ;Pourquoi ne pas nous laisser guider par ce qu’ils font plutôt que de vouloir tout anticiper Comme l’explique Laurence Rameau , puéricultrice et formatrice petite enfance «  l’activité dite d’éveil ou d’apprentissage est vide de sens, elle enferme leurs esprits dans des mondes déjà trop banalisé » Les enfants ont besoin d’être libres, , d’être acteurs de leur jeu  et de leur manipulation pour apprendre, imaginer, créer . La notion de plaisir est également essentielle à prendre en compte. Et à valoriser ; Les enfants savent utiliser et détourner les jeux que les professionnelles mettent à leur disposition d’une manière qui leur est propre, selon leur personnalité, leurs envies ou leurs besoins. Il est leur est nécessaire d’expérimenter, de jouer, de manipuler de toutes les façons possibles pour découvrir le monde qui les entoure. Les possibilités sont infinies et l’adulte ne peut pas toutes les anticiper. Pourquoi ne pas tout simplement nous laisser guider par ce qu’ils font plutôt que de vouloir tout anticiper ?

Repenser les activités

L’idée n’est pas d’arrêter d’organiser des activités consacrées à la peinture ou au gommettes mais de le faire différemment.

Avons-nous vraiment besoin d’une production finale pour mettre en place ce genre d’activité ? Pourquoi ne pas les proposer sans objectif en termes de réalisation, en donnant à l’enfant une feuille et de la peinture et en attendant de voir ce qu’il fait ? « Ce qui est à valoriser, ce n’est pas l’œuvre, mais le chemin que le l’enfant emprunte dans ses apprentissage » souligne Laurence Rameau, elle met en avant également « le plaisir et faire et non d’obtenir », précisant que l’essentiel pour le tout-petit est de réaliser, de manipuler d’avoir en tête le moment présent et non la création achevée ou les compliments qui s’ensuivront. Ainsi faire de la peinture ne veut pas dire pour un enfant prendre un pinceau et dessiner quelque chose de beau et de concret. Certes, il va découvrir le pinceau, le tremper dans la peinture, laisser une trace sur sa feuille, etc. Mais il va tout autant essayer de dessiner sur la feuille d’un autre enfant ou sur sa main, se rendre compte que la peinture colore aussi la peau, qu’elle est froide et un peu gluante, que quand elle sèche elle colle, que les couleurs se mélangent sur les mains. Il va éventuellement imiter le voisin d’en face et partager avec lui un moment de joie et de rire ; De même face à un puzzle, peut-être ne verra-t-il pas seulement des pièces à encastrer, mais une tétine, un biberon, des animaux ou des véhicules, avec lesquels il peut jouer, au sujet desquels il peut chanter, etc.

Proposer des activités à effectuer librement ne pourra qu’encourager la manipulation et le jeu de l’enfant, qui sera complètement acteur de ce qu’il fait. Des moments de plaisir vont se créer entre les tout-petits et avec les professionnels. Ceux-ci n’auront plus besoin de répéter des consignes ou des règles qui ne font pas sens pour les enfants. Ils pourront être pleinement disponibles et se laisser surprendre par ce que font ces derniers.

Il suffit de décliner les activités de toutes les façons possibles pour voir s’élargir la palette de choix. La peinture peut être proposée, sur table, debout sur un support au mur, au sol, au pinceau, avec les mains, avec les pieds, avec des objets qui roule, en valorisant une seule couleur, en musique etc. Le fait que les enfants ne s’en saisissent jamais de la même manière rend ces activités uniques à chaque fois qu’elles sont organisées ; Ce sont ces moments privilégiés qu’il est possible d’« offrir » aux parents le soir sous forme de transmission orale ou de photos plutôt que de production etc.

Conclusion 

Les activités dîtes d’éveil ayant pour but une production esthétique ne sont pas adaptées aux besoins du jeune enfant. Il lui est nécessaire d’être acteur et de son jeu et de sa manipulation. D’où l’importance pour l’adulte e se positionner de façon à accompagner et non à guider, de proposer des activités libres et de voir comment l’enfant va se les approprier. Le professionnel se doit aussi de réfléchir aux activités qu’il met en place afin de les réajuster si elles ne répondent pas aux besoins du tout-petit. Comme le précise Fanny Covelli, éducatrice « la petite enfance ne rime pas avec productions, résultats, échecs ou réussites, elle rime juste avec aventures, découvertes explorations, plaisirs et grandeurs » Laissons donc, le plus jeunes vivre leur vie d’enfant, sans le pousser à produire ou à atteindre des objectifs d’ordre scolaire.

 

Jennyfer JARILLOT

Educatrice de jeunes enfants

Métiers de la Petite Enfance